Mexico quartier sud, nouvelles de Guillermo Arriaga

Publié le par François

arriaga.jpgPour les cinéphiles, le nom de Guillermo Arriaga semblera peut-être familier. Si vous avez aimé Amours chiennes, 21 grammes et Babel d'Alejandro Gonzalez Inarritu, Trois enterrements de Tommy Lee Jones, il y a des chances que vous aimiez ce recueil de nouvelles, car Guillermo Arriaga en est le scénariste.

Les quatorze nouvelles de ce recueil, écrites entre 1983 et 1995 sont marquées par des thèmes récurrents, qui ressemblent à des obsessions : l'enfance, avec ses cruautés et ses ses pertes d'innocence ("Lilly") ; la violence physique comme seule arme de dialogue (invaincu") ; les schémas psychologiques qui se répètent immuablement de génération en génération ("195") ; la corruption des élites ("légitime défense") ; la déchéance d'êtres marqués par le destin ("La Nouvelle-Orléans") ; l'autodestruction physique suite à un choc psychologique ("ultimatum violet") ; l'omniprésence de la mort dans le quotidien, mais aussi d'une télé grotesque ("des points de couleur), etc.

Les personnages d'Arriaga sont autant d'êtres bloqués dans leur destin, incapable d'y échapper, marqués d'un grand pessimisme. La société décrite par Arriaga est marquée par la violence des relations entre hommes, entre hommes et femmes ; très peu sont capable de générosité ("La veuve Diaz") ou rêvent d'un bonheur qui est à portée de main ("en paix").

Si les nouvelles sont noires, l'humour peut si glisser, comme par effraction. Mais un humour... noir ("Rogelio") !

Comme dans les films dont il a élaboré le scénario, le réci peut être disloqué, les périodes se mêlant volontiers, ce qui donne une grande densité au récit. Et même lorsque le récit se veut plus linéaire, on sent une plume aiguisée, vive, précise très bien rendue par la traduction d'Elena Zaya.

Un monde sombre, mais éclairée par la plume esthète d'un auteur qui va compter...

 

A lire : Mexico quartier sud, nouvelles de Guillermo Arriaga, traduit de l'espagnol (Mexique) par Elena Zayas, Éditions Phébus, 2009, 185 pages, 16 euros

Publié dans Littérature

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